12ème étape: de Susa à Torino le 28 mai.

Le petit déjeuner est assez fruste. Autrement dit, le premier contact avec l'hôtellerie italienne n'est pas très encourageant pour la suite.

L'étape ne présente aucune difficulté de route. La route descend tout le temps. La circulation venant de Turin était très forte, les Turinois allaient passer le dimanche à la montagne. Je me suis arrêté à un petit village, "Rosta", où il y avait de l'animation. Apparemment un vide grenier incluant des tracteurs. Il y a un beau monastère gothique piémontais.

L'arrivée dans Turin est très longue. La ville est continue depuis l'entrée de Rivoli.

J'ai piqué droit au centre-ville où j'ai pris un hôtel "Amadeus" assez cher (78 EUR la nuit avec petit déjeuner) mais en plein centre.

J'ai parcouru 63 km donc 10 dans l'agglomération de Turin en trois heures et demi de pédalage.

Après douche et lessive quotidienne, je suis allé à un bistrot sur la place Carlo Emmanuele II qui fait un super buffet à 15 EUR, tout à discrétion. Ensuite une heure de sieste. Puis j'ai vadrouillé de 16 heures à 19 heures dans Turin, plan en main, en me félicitant de la situation de l'hôtel car la ville est immense. Je suis rentré me reposer après avoir acheté un livre d'italien basique.

Torino est une capitale et le centre historique est déjà immense à lui seul. Il y a une multitude de "palazzi" dont beaucoup sont bien décatis. Il n'y a que peu de traces en centre-ville des olympiades 2006. Il y a de nombreuses et grandes places avec plein de terrasses de cafés dont l'immense place monumentale du Palais-Royal, très strict, très rigoureux.. Toutes les rues sont à angle droit, c'est donc assez facile de s'orienter.

Le soir, repas pizza.

 


13ème étape: de Torino à Asti le 29 mai.

 

 

 

Bon petit déjeuner à l'hôtel. Il y a aussi une Allemande, professeur d'allemand à l'université. Nous échangeons quelques mots. Elle est très élégante; je me sens assez vilain canard dans ma tenue de vélo à demi masquée.

Je suis sorti assez facilement de Turin car je m'étais repéré la veille sur le peu de plan que j'avais, j'ai néanmoins dû demander mon chemin. La sortie sur Pino Torinense et Chieri grimpe sec sur 5 à 6 km. Ça réveille. Ensuite c'est une jolie route pas trop encombrée jusqu'à Asti. La température est brutalement montée à 13 heures en descendant de Montechiaro de Asti.

Je me suis arrêté à Castelnuovo don Bosco pour grimper à l'église en haut du village. C'est une grimpette de 300 à 400 mètres à plus de 10 %. L'église est belle, toute décorée de peintures comme toutes les églises dans le coin. Toutes semblables, elles sont quillées en haut de leur colline, comme on voit sur les cartes postales.

Je suis arrivé à Asti sans problème, après avoir parcouru 63 km (dont un ou deux dans Asti) et être resté 4 heures 1/4 en symbiose avec mon vélo.

J'ai trouvé un hôtel ** assez rapidement, en centre-ville. La réception est très sympathique (celui auquel je m'étais adressé avant ne l'était pas du tout. Je crois que certains font un rejet des  Français).

Lessive du jour, sieste d'une heure, puis visite.

La ville est assez petite. Le centre historique fait une ellipse d'environ 1.5 x 1 km.

Tous les édifices sont de brique avec un peu de décoration en pierre calcaire blanche. Le plus surprenant est le grand nombre de tours, toutes plus belles les unes que les autres. La cathédrale aussi est impressionnante, immense, en brique et complètement peinte du sol au plafond, pardon, aux voûtes.

Le centre-ville est piétonnier mais quelque chose doit m'échapper car il passe des voitures sans arrêt. On voit qu'il y a eu un gigantesque effort pour chasser les voitures du centre-ville. Les places autour du centre piétonnier sont bourrées de chez bourré, de voitures.

Bon repas du soir en terrasse sur rue piétonnière, pas trop cher.

 

 


14ème étape: de Asti à Voghera le 30 mai.

 

Excellent petit déjeuner et départ d'Asti de bonne heure, avant neuf heures. Il fait très beau mais la météo annonce des orages !

Sortie d'Asti sans aucun problème : la route est très encombrée mais il y a un km de piste cyclable excellente qui double la route. Après, il faut serrer les fesses jusqu'à l'embranchement à Quarto-Inferior. Après une jolie montée assez raide vers Montemagno,la route fait une balade sur les crêtes et de vallon en vallon. Le Piémont est très beau et je comprends que les Français aient voulu s'en emparer pendant trois siècles. Le plaisir continue jusqu'à San Salvadore, puis on descend dans l'immense plaine du Po (il Fiume), qui regorge de cultures de toutes sortes. La route perd alors tout intérêt. En outre un vent du nord très violent s'est levé et je dois faire très attention, surtout au passage des camions.

Je suis arrivé à Voghera entre 14 h et 14 h 30, après avoir parcouru 93 km en cinq heures et demi.

Tour en ville à vélo, comme d'habitude, en piquant au centre mais aucun hôtel n'est en vue ni indiqué. Je me suis donc arrêté à un café où je me suis adressé à un monsieur en uniforme type chemin de fer qui m'a indiqué ce qui semble être le seul hôtel en ville "il Duomo". Ils avaient une chambre, pas cher (37 EUR avec petit déjeuner) . Elle n'est pas terrible mais ça ira. Le vélo a été mis à l'abri dans la buanderie.

Douche, lessive (le lavabo n'a pas de bonde, j'en ai fait une), dodo trois quarts d'heure et visite de la ville. Pas grand-chose, mais c'est une jolie petite ville avec des rues toutes courbes en cercle autour de la cathédrale, "il Duomo".

Cette église, toute de brique pleine, est très belle mais fort détériorée. Elle est en cours de restauration. L'intérieur est intégralement peint de fresques qui, dans les voûtes, sont très dégradées par les fuites du toit. C'est un très bel édifice. Il y a aussi une église à tour, comme à Asti.

L'Italie à ses mendiants, à musique, sans musique, vendeur de briquets, de cigarettes ou de rien du tout. Beaucoup sont maghrébins (Libye ?). Ils sont collants comme des mouches.

Repas du soir au resto indiqué par l'hôtel, pas très loin. Super repas : spaghetti aux tenilles (vongole) délicieux, énorme entrecôte plus salade. Je n'en pouvais plus. Dans mes pérégrinations de l'après-midi en centre-ville, je n'avais repéré aucun restaurant, mais des tas de cafés, gelatti et autres salons genre salons de thé. C'est curieux, le seul autre resto que j'avais trouvé, un peu excentré, sur le même boulevard que celui de l'hôtel, était un chinois pas très engageant. Du coup, mon restau était bien rempli. Je crois que le restaurateur malin, voyant ma satisfaction, m'a estampé de quelques euros.

En faisant mes bagages, j'ai dérangé un gros cafard tout noir. J'espère qu'aucun congénère n'a élu domicile dans mes fontes.

 


15ème étape: de Voghera à Piacenza le 31 mai.

Ce matin, le ciel au sud est très orageux.

Départ de bonne heure, vers 8 h 30, après un petit déjeuner quelconque.

J'ai tout enveloppé dans des sacs de plastique mais il n'a pas plus. Tant mieux.

En sortant de Voghera, je suis grimpé à Montebello le Batalla. Dans ce cas nous étions copains avec les Italiens du coin contre les Autrichiens. Il n'y a rien de bien notable sur ce site.

Comme j'aurais pu être à Piacenza avant onze heures, j'ai pris le chemin des écoliers par Pavia. La route est assez désagréable et dangereuse à cause de la circulation mais il y avait des vues imprenables sur la plaine du Pô, sur ses cultures, sur ses rizières, surtout de Pavia à Piacenza. Pavia est aussi une belle ville tout en briques. Le duomo a été affecté par l'écroulement de la "Tour Civique" du XIe siècle qui a eu lieu le 17 mars 1989 et a tué quatre personnes. J'imagine que c'est pour cela que les trois-quarts du duomo sont fermés.

J'ai quitté Pavia par l'autre rive du Pô. À Orio Litta j'ai enfin enfilé une petite route vers Piacenza et j'ai vu là des pancartes (déjà remarquées je ne sais plus où) d'une "via francigena". En suivant, je suis arrivé à Corte S.Andrea, cul-de-sac routier, mais où il y a une auberge pour les pèlerins de la via. Le responsable voulait m'embaucher et a tenu à tamponner mon carnet de son sceau. Il y avait un pèlerin dans l'auberge qui se restaurait avant de prendre un bac pour traverser le fleuve. Cette voie va de Canterbury à Rome. J'ai demandé une liste d'adresses d'auberges mais il n'y en avait pas. Dommage.

La région est très jolie, très irriguée, il y a des canaux partout sur plusieurs niveaux. J'ai cassé la croûte entre deux canaux qui étaient à deux mètres de différence de niveau, l'un de l'autre. On roule sur les digues.

Je suis arrivé à Piacenza après avoir parcouru 105 km en 8 h 1/4 de vie sauvage.

En arrivant, j'ai foncé au centre-ville pour chercher un hôtel. J'ai essayé à l'"Alberghe Roma" qui semble être l'hôtel class de la ville. La chambre est à 135 € avec le petit déjeuner, c'est un peu cher. Le réceptionniste dédaigneux n'a même pas voulu me donner un plan de la ville. Il m'a indiqué l'office de tourisme, sur la place Cavalli, à côté, que je n'ai pas su trouver (l'office, pas la place) .

C'est d'ailleurs une remarque générale : ou planquent-ils leurs offices de tourisme, s'il y en a ? J'ai donc demandé à un passant qui m'a paru local s'il connaissait un hôtel. Il m'en a indiqué un tout près, très bien (pas parfait, mais il ne faut pas rêver).

Autre remarque, comme hier, pas de restaurant en vue. Le mystère reste à éclaircir. Les restaurants, d'ailleurs assez bas de gamme, se sont groupés autour de la gare des FS. J'en ai élu un, il est tenu par des Chinois. Au menu : pizza et espadon. C'est quelconque mais nourrissant. La télévision est à fond. Les clients aiment. La télévision du restaurant vient de donner la météo; ils insistent, je devrais me noyer. La météo italienne est infiniment plus sommaire qu'en France. Il y a une grosse marge de progrès.

 


16ème étape: de Piacenza à Parma le 1er juin.

 

Cette nuit, les cafards ont tenu une conférence dans cette incroyable petite salle d'eau équipée d'un minuscule lavabo, sans glace, et où la douche fait une grande et belle marre avant de s'écouler très très lentement. C'est pourtant un hôtel trois étoiles ! !

Le petit déjeuner fut gentil mais quelconque. Il fallait s'y attendre.

Je suis parti vers 8 h 30. Il fait presque froid mais le soleil est radieux et le ciel bleu intense. Le soleil ne se démentira pas de la journée accompagné d'un vent d'est presque froid, contre lequel j'aurai à lutter tout le temps. J'ai trouvé et suivi la route prévue sans difficulté. M'améliorai-je ?

À Roccabianca, j'ai été pris d'une envie incoercible d'aller voir "il Fiume" de plus près. Ce qui m'a conduit sur l'extrême digue, le fleuve étant encore assez loin, à 100 à 200 mètres, visible par instant. Mais la ballade valait le détour, et sans une seule voiture sur plusieurs km .

Ensuite, j'ai filé sur Parme. Je suis assez fatigué ce soir, sans doute la longue étape d'hier. J'ai aussi un coup de soleil sur les bras.

La rentrée dans Parme n'en finit pas de bretelle en déviation, j'ai parcouru 7 km depuis la pancarte d'entrée dans la municipalité jusqu'au centre. Finalement j'ai parcouru 89 km en 5 heures et demi de ballade.

J'ai appliqué la méthode usuelle sauf que j'ai découvert l'office de tourisme, identifié par un i très esthétique mais quasi introuvable. Néanmoins je l'ai trouvé et j'ai eu là toute l'info détaillée et précise sur les hôtels de la ville, avec les tarifs.

Sur le conseil de la dame de l'information, avec qui je suis rapidement tombé d'accord, j'ai choisi l'auberge "BRENTA", très près du centre, trois étoiles, avec chambre seul à 55 EUR plus petit déjeuner à 5 €.

La ville est fantastique. Je vais avoir du boulot demain. Peut-être utiliserai-je le vélo ?

À ce propos il y a énormément de vélos dans les villes italiennes. Cela me surprend car ne correspond pas à l'image que j'avais en tête.

Pour ne pas oublier : les routes italiennes sont de façon très générale, et jusqu'ici, tout à fait épouvantables. Les très grandes ont une petite voie d'urgence très utile, malheureusement assez discontinue. La circulation y est démentielle, surtout de camions. Les routes petites et moyennes sont défoncées sur une grande part de leur longueur, avec des fissures et des trous énormes. Ah, les belles routes secondaires de France ! ! Ici, dans la plaine du Po, les routes sont souvent construites sur les digues. Il semble qu'il n'y ait pas de soubassement, juste une ou plusieurs couches de bitume qui donc s'affaisse un peu partout, surtout sur les bords.

Dans la plaine du Po, toutes les constructions anciennes sont de briques. C'est très joli, le rouge de la brique contre le bleu du ciel et le vert des cultures (maïs beaucoup, riz par zone, surtout vert Pavie, luzerne, petits pois, quelques tournesols qui démarrent, un peu de blé ou orge ou seigle, etc.).

Cette fin d'après-midi, je suis allé au Duomo. Il est entièrement peint. La nef est décorée de 14 panneaux de la vie de Jésus, un panneau de chaque côté par travée. C'est stupéfiant. Il faudra que je lise le guide, au retour.

J'ai cherché un petit dictionnaire de pouce dans une très grande librairie. Ils n'en avaient pas. Il m'en faudrait pourtant bien un pour progresser. J'ai finalement acheté un dico "Rizzoli-Larousse" assez petit et léger pour se glisser dans la poche.

Je suis de nouveau surpris par le petit nombre de vrais restaurants. Les quelques-uns qu'il y a ont tous le même menu stéréotypé, seuls les prix varient et encore, assez peu. Par contre les pizzerias et autres cafés et gelatti sont au touche touche. Par endroit, un Mac-Do.

 

 

2 juin : journée de repos à Parma.

Les églises (chiese) ont un plan moins allongé et plus large que les églises en France. Les fidèles sont ainsi plus près du prêtre, les cérémonies y gagnent en convivialité. Il y a des excroissances latérales (chapelles) entre les principaux piliers. Le maître chœur est souvent placé sous une voûte hémisphérique et est entouré de loges comme dans un théâtre. Les bancs sont gravés au nom des familles.

À cause du 60e anniversaire de la fondation de la république, c'est jour férié aujourd'hui. Toutes les petites boutiques sont fermées. Restent les cafés, pizzerias et supermarchés quant on peut en trouver un (ce qui fut mon cas) . La ville est très calme avec presque pas de voitures. Les bicyclettes s'en donnent à cœur joie. Je n'ai pas eu le courage de faire prendre l'air à la mienne. J'ai beaucoup marché. La vieille ville n'est pas très grande. En incluant le "parco ducale" la ville incluse dans le premier boulevard de ceinture fait 2 km de diamètre. Il a fait beau et frais ce qui incline à se promener. Mais à 17 h il y a eu une petite averse d'orage (ha piovuto).

Parme est une très belle ville avec de beaux édifices peints de couleurs pastel, à façades droites et strictes. Beaucoup de belles églises sans parler du baptistère de marbre blanc et rose et du Duomo. Il y a aussi plusieurs grands parcs dont le "parco ducale" qui est magnifique.

 

 


17ème étape: de Parma à Bologna le 3 juin.

 

Départ de bonne heure, vers 8 h 30, car la route sera longue. Il fait froid, gris et la pluie menace au sud. Je mets tous les objets à couvert, y compris les cartes et je re-enfile le survêtement rouge remisé depuis Briançon. Je me trompe de route dès le départ, sans trop de conséquence, juste 2 à 3 km en plus.

De San Polo d'Enza à Scandiano la route qui court à flanc de coteau est assez jolie, avec une belle vue sur les Apennins enneigés quand les nuages le permettent. Ensuite, et jusqu'à Bologna, la route n'aura plus aucun intérêt.

À Pozza, j'ai été conduit vers une grande route remontant à Modena. Je ne sais pas comment cela s'est fait car j'étais attentif ! La preuve. Bref, après 4 à 5 km, j'ai demandé à des carabinieri qui guettaient les excès de vitesse. J'ai été reçu comme un chien dans un jeu de quilles : "Oui c'est la route de Bologna, d'ailleurs ce sera indiqué plus loin". J'ai vite compris que le plus loin risquait d'être Modena. J'ai donc pris la première traverse. Mais cela m'a coûté une bonne dizaine de kilomètres.

À l'arrivée à Bologna la route devient autoroute. J'ai néanmoins continué n'ayant pas vu d'autre solution évidente. Mais je n'étais pas tranquille. Enfin, tout s'est bien passé et je suis sorti de l'autoroute dès que les cercles "centro" sont apparus.

Pas d' "informazione" à Bologna. J'ai trouvé la pension en demandant à un chauffeur de taxi. Les hôtels sont très chers. Il faudra payer en liquide. La patronne ressemble à un tiroir-caisse.

J'ai parcouru 126 km en 6 heures 1/4, sans grand plaisir aujourd'hui.

Il n'a pas plu sur moi, il a plu auparavant, après je ne sais pas.

Lessivette, douche, visite de la ville qui une fois encore est monumentale. Il y a même une tour penchée de 46 m en brique (penchée à la suite d'un affaissement lors de la construction). Il y a beaucoup d'arcades ce qui doit être agréable avec le soleil, ce n'était pas le cas, et utile avec la pluie, ce n'était pas le cas non plus. Impossible de se retrouver dans le dédale des rues en rond sans un plan, lors d'une première visite ; c'est trop grand.

Fatigué et pressé de me remiser, je suis rentré dans le premier restaurant ouvert à 6 h 45. C'est un grec: moussaka et bistecki quelque chose. Je m'attendais à une moussaka de chez Picard; pas du tout, elle fut très bonne et le bistecki aussi, tout cela avec d'excellents blinis. Ce fut un repas correct pour pas cher.

 


18ème étape: de Bologna à Firenzuola le 4 juin.

 

La nuit dernière a été un peu bruyante. Vers deux heures du matin, des gens sont arrivés. Puis une femelle s'est mise à gémir bruyamment. Cela a réveillé et donné des idées à d'autres couples et l'auberge n'avait plus rien à voir avec un bois dormant. Ça s'est calmé au bout du temps qu'il faut.

Après envoi du message de bon anniversaire à Régine, j'ai pris le petit déjeuner au bistrot d'à côté ouvert (c'est dimanche matin et tout est fermé). Ensuite je suis parti tranquillement avec le plan de la ville et de ses faubourgs en mains. Il n'y a personne dans les rues.

À partir de Pianoro Vecchio, la route grimpe très sec, plus de 10 %. C'est le cas à nouveau un peu plus loin, vers Livergnano. Des multitudes de motos me dépassent. J'ai cru à des gens qui profitaient de la très belle route en lacets pour se faire des émotions. Pas du tout, c'est un rallye organisé précisément à Firenzuola où je compte passer la nuit. Comme il y a aussi un rallye de vieilles voitures pétaradantes qui passe par le col de Raticosa,, la montée au col se fait dans le bruit et la fureur des moteurs poussés en sur vitesse. C'est déplaisant. Du col de Raticosa, je suis descendu à Firenzuola par la Cassetta. La route est vertigineuse et a par endroit 3 chevrons sur la carte de monsieur Michelin. Je me suis cramponné à mes freins.

En montant au col, j'ai eu un dérapage de la roue libre. Je me suis arrêté, j'ai enlevé la roue arrière pour constater que l'écrou de fermeture du roulement de roue libre était complètement desserré et libre. J'ai resserré avec la pointe du tournevis du couteau suisse, en priant pour que ça tienne.

À l'arrivée à Firenzuola, l'auberge est pleine à cause du rallye motos. J'ai demandé à l'aubergiste : "Y a-t-il d'autres possibilités ? - Non tout est plein me dit-il" tout cela dans un baragoin d'anglais. Je prends donc mon courage à deux mains ou plutôt à deux cuisses, pour regrimper sur la route du col et filer sur Firenze à 50 km. Cela m'ennuie beaucoup, de plus je me sens fatigué. Après un km environ, une pancarte indique une auberge "agro touristique" (ça se fait pas mal en Italie) avec le numéro de téléphone. J'appelle avec le portable ; chic il y a une chambre pour 60 EUR, petit déjeuner compris. Je dis banco et j'y vais. Il y a un resto sur le chemin ; je m'y arrête croyant que c'est l'auberge. C'est bourré de motos (et de motos cyclistes bourrés). Pour l'auberge, il faut franchir encore une ultime grimpette. L'aubergiste est sympathique et me fait mettre le vélo dans la chambre. Du coup, j'hérite d'une chambre pour deux (le vélo et moi) au rez-de-chaussée, pour ne pas avoir à hisser le vélo !!!.

J'ai parcouru 64 km et suis resté 5 heures ½ avec mon vélo. J'ai rencontré à Loiana un couple de Hollandais rando-cyclistes, de mon âge à peu près, peut-être le monsieur était-il un peu plus âgé. Nous avons un peu causé en anglais après avoir traversé à pied, le très grand marché du coin très encombré. Je n'ai pas pu m'empêcher de frimer avec mon rendez-vous avec L.T.S.P.. J'ai eu du mal à les convaincre que ce n'était pas "a joke".

J'ai mangé au resto sous l'auberge qui était plein de motards à midi. C'est le meilleur repas depuis Mongenèvre en qualité des produits. Sinon c'est toujours le même menu. Il y avait une table de 12 motards. L'ambiance était élevée au niveau des bouteilles de carburant qui circulaient. En fin de repas, ils sont allés se finir au bar.


19ème étape: de Firenzuola à Firenze le 5 juin.

 

Le petit déjeuner sous un régime de buffet à volonté, y compris les fruits frais ce qui est rarissime (pommes, bananes, prunes et autres) fut sympathique. Mon vélo a fait quelques traces sur le mur de la chambre peint à l'eau (comme du pastel). J'ai essayé de nettoyer. C'est le pastel qui vient.

Il y a encore des motos à l'auberge, des Suisses.

Départ vers 8 h 30 et très vite problème de roue libre comme hier. Je démonte, je répare, comme hier, mais plus énergiquement, avec un caillou pour taper sur le couteau suisse et forcer le serrage. On verra. Je m'aperçois alors qu'un autre rayon a cassé à la roue arrière.

Ce sera tout jusqu'à Firenze.

La montée jusqu'au col du Giogo (882 m) est très sportive avec trois rampes indiquées à plus de 10 %. Mais je suis bien reposé. Ensuite ce n'est pratiquement plus que de la descente jusqu'à Firenze. Au col du Giogo, j'ai fait une courte pause pour enfiler mon coupe-vent avant la descente. À l'auberge sur ma droite se jouait la grande super scène de ménage avec hurlements hystériques de l'épouse. Pendant ce temps, le père ou beau-père, balayait le devant de porte, l'air embêté mais de celui que cela ne concerne pas. Le devant de porte était aussi propre qu'une sainte relique.

J'ai cassé la croûte à quelques kilomètres de la ville, sur les hauteurs qui la surplombent. C'est un spectacle magique. La ville est blottie dans le vallon et luit de ses ors.

L'entrée en ville est facile. J'ai dû me faire indiquer la direction du "centro" et je suis tombé à la gare centrale sur le bureau d'information qui, cette fois, bénéficie d'un grand i.

La préposée à qui je dis que je cherche un hôtel me glisse d'un air de mépris dégoutté un livre d'au moins 150 pages pleines d'adresses d'hôtels classés par catégorie et par nom et non par rue, ce qui rend le livre inutilisable dans mon cas. Qu'à cela ne tienne, j'ai au moins obtenu un bon plan. Contrairement aux autres villes où ils étaient plutôt rares, à Firenze les hôtels sont au touche-touche. Je suis allé à l'hôtel San Giorgio, ***, à deux pas du Duomo qui me proposa une excellente chambre pour 50 EUR petit déjeuner compris.

J'ai vu affiché dans la chambre que le tarif est normalement de 175 EUR. Je pense qu'il me l'a laissée à 50 EUR par solidarité entre rando-cyclistes. Je veux le croire car il s'est bien intéressé à mon périple.

Le réceptionniste, très aimable, m'indique un atelier vélo dans la rue. Il téléphone aussi au parking d'à côté qui veut bien accueillir mon vélo pour la nuit moyennant 5 €. À ce prix, le pauvre dormira dehors.

Lessivette, douche, dodo trois quarts d'heure puis première visite à vélo que je dois porter au réparateur qui ouvre à 16 heures. Détail amusant, les maisons portent deux numéros : un noir qui est l'adresse de l'édifice et un rouge pour les commerces qui est le numéro du commerce. Il faut le savoir !

L'atelier accepte de me changer le rayon mais refuse de voir la roue libre sauf de la changer. D'après lui c'est irréparable parce que mal monté. Bravo cycle Conord de Chartres. Pendant que l'on répare ma bicyclette, je visite à pied jusqu'au palais Pitti, la place des Uffici, le Ponte Vecchio, etc..

Le vélo est bien réparé à l'heure dite. Alors comme il est dehors, je m'offre le grand tour de Firenze. Comme partout, sorti des lieux emblématiques, c'est comme partout. En plus, sorti des lieux emblématiques, c'est plein de véhicules à moteur.

À propos, l'explication du grand nombre de motos hier est aussi qu'il y a eu le grand prix d'Italie et que le circuit d'Imola où se célèbre cette grand-messe n'est pas loin de Firenzuola. En passant à Scarperia, les prés, les pelouses, aux abords de la ville et en ville, débordaient de papiers gras. Les équipes de nettoyage étaient à l'œuvre avec de gros moyens.

J'ai quand même parcouru 58 km et suis resté 4 heures ½ avec mon vélo chargé (non compris donc la longue visite à vide de Firenze).

J'ai mangé dans la rue un très bon repas avec toujours le même menu, et j'en ai été chassé par l'averse, heureusement après le dessert avalé. La nuit n'a pas été très reposante. Sans doute avais-je trop mangé. Vers 23 heures il a éclaté un gros orage qui suivait le pré-avertissement donné pendant que je terminais mon repas du soir. Pour une fois que je laisse mon vélo dehors, le pauvre ! J'ai aussi hébergé une famille de moustiques dans ma chambre. La chasse fut inutile et infructueuse.

La chasse d'eau de la chambre et merveilleuse. C'est un très vieux truc à siphon qu'il faut amorcer. Ensuite, c'est la cataracte.

 


20ème étape: de Firenze à Arezzo le 6 juin.

 

 

 

 

 

Très bon petit déjeuner ; à 175 EUR la chambre ils peuvent !.

Je vais récupérer la bicyclette qui a dormi sur la place dehors et, pour lui redonner le sourire, je lui huile la chaîne avec l'huile achetée hier chez le réparateur. Ce n'était pas du luxe.

Ensuite, départ vers neuf heures, plan de la ville en mains. Après une multitude de tours, de détours et de crochets dus aux sens uniques, alors que c'est tout droit sur le plan, je me trouve enfin après quarante-cinq minutes de galère, sur la route de Arezzo, c'est sûr, c'est indiqué avec le numéro de la route, SS69 et tout. Je jette donc le plan dans une poubelle et je pars content.

Après avoir parcouru une quinzaine de kilomètres, je me dis que c'est curieux d'aller vers le nord nord est alors que je devrais filer sud est. Alerté, je regarde les panneaux et je vois que je suis sur la SS67 et non sur la SS69 comme j'aurais dû. Un couple de rando-cyclistes hollandais (il n'y a qu'eux) étant arrêté, je le consulte, ou plutôt je consulte leurs cartes car  ils sont super bien équipés, avec quasiment des tables à dessin montées sur leur guidon. À côté, je fais vraiment pauvre. Conclusion de l'examen, je fais une trentaine de kilomètres de trop. Consolation, je suis le cours de la rivière et c'est très joli.

Après une grande boucle hors de ma carte, je me suis retrouvé à San Clemente sur la SS69. Défrisé (et fatigué) je décide à San Mezzano de ne pas suivre l'itinéraire de petites routes prévu, et de continuer sur la grande route qui est sur l'autre rive de la rivière. Et c'est là que je vois la puissance de mon protecteur céleste. À partir de San Giovani, les collines sur lesquelles j'aurais dû manœuvrer se couvrent de nuages très vilains et très noirs. Puis ça devient très livide, très rayé de pluie et très zébré d'éclairs et cet orage suit les collines en direction de Arezzo. À un moment, à 10 kilomètres d'Arezzo, les gens d'un village me regardaient passer avec consternation, faisant un petit signe du doigt vers le ciel, noir comme de la suie, en face. Je me suis donc arrêté, j'ai sorti la boussole, vérifié que l'est (direction de la route) évitait bien le vilain orage et j'ai continué avec confiance (relative). J'ai bien fait. J'ai dû enfiler le ciré les cinq derniers kilomètres mais l'orage n'a pas éclaté, juste quelques gouttes. J'ai quitté le ciré en entrant en ville, j'ai eu le temps de monter au Duomo où se trouve le i, de recueillir la doc, de choisir un hôtel auquel le préposé a gentiment téléphoné, d'aller à l'hôtel, de rentrer mon vélo, et alors l'orage a éclaté. Merci.

(Nota : Ceci est une parenthèse historiquement authentique. Mon protecteur céleste est très efficace avec les éléments naturels. Lorsque j'avais dix ou onze ans, il y avait eu une période de sécheresse très forte à Siran. J'ai donc prié très fort mon protecteur de faire pleuvoir mercredi. Lorsque le sujet de la sécheresse a été abordé à la maison, ce qui était fréquent, j'ai dit "il va pleuvoir mercredi". On m'a regardé avec étonnement. Et mercredi il a plu très fort. Ensuite, Jean-Marie m'a demandé comment je le savais. Je ne le lui ai pas dit.)

Arezzo est une très jolie ville de plus. À taille très humaine, très agréable, construite sur son coteau abrupt. Tous ces splendides monuments, ici comme dans les autres villes, sont sans doute issus d'un immense orgueil. Le Duomo aussi, sans doute, mais là pour la bonne cause.

J'ai parcouru 99 km aujourd'hui et suis resté à peu près six heures sur mon vélo chargé.

 

 


21ème étape: de Arezzo à Orvieto le 7juin.

 

Hier soir, habituel repas quelconque dans un resto fast-food quelconque, avec en bruit de fond une radio laide. Ce matin, petit-déjeuner quelconque. Je retrouve les Québécois qui hier, à mon arrivée, remontaient leurs vélos et je leur donne le rouleau de fluo jaune que j'ai enfin retrouvé. Du coup, l'un d’eux insiste pour que je lui prenne une housse à vélo, qu’il me donne gratis, alors qu’hier, il avait proposé de me la vendre. « Un bienfait n'est jamais perdu ». Du coup je traîne une housse. Il faudra que je trouve des sangles pour manutentionner la chose. Je suis parti vers neuf heures, plan en mains et, comme à chaque sortie de ville, ce fut l'horreur. Je dois mal m'y prendre ! Bref, après trois quarts d’heure d’errances, je me suis retrouvé sur la bonne route, pas celle prévue à l’itinéraire, mais celle que j’avais décidé de prendre pour ne pas trop me martyriser. Ça a été, mais sans intérêt, jusqu'à Foiano di Chiana. Puis j'ai pris la route de Montepulciano et ça s'est mis à monter, puis à descendre, avant de remonter de plus en plus dur, si bien que, à l'arrivée à Montepulciano, il y a un kilomètre avec une pente moyenne de 13 %, avec des paliers séparés par des montées vertigineuses. À l'avant-dernier rampaillou, debout sur les pédales, le cœur affolé, j'ai craqué et mis pied-à-terre pendant 20 mètres. Voilà, ç'a été fait. Les Alpes et les Apennins n'y étaient pas parvenus.

Montepulciano est un site superbe qui mériterait un peu plus d’attention, mais je suis crevé et encore loin du but. Je croyais qu’ayant monté si dur, ça redescendrait jusqu'à Orvieto. Las, les montées succèdent aux descentes. Heureusement, la route est magnifique, sur les crêtes avec les valons et les plaines de l'Ombrie à gauche à droite. Une merveille, mais à se gagner à la sueur de son maillot. Bref, de monts en vaux, je suis arrivé à Chiusi. L’heure avançait et il me restait plus de 50 km à faire; et à Chiusi, il n'y avait aucune indication de direction qui corresponde à mon coin de carte. J'ai failli abandonner et dormir là. Puis, miracle ; à un carrefour, je vois indiqué " Fabro ". C’est sur ma carte, et dans ma direction, donc j'y vais. Et là apparaît aussi "  Ponticelli " que j'avais bien repéré. Je suis parti sur cette route, droite, plate, vent dans le dos, j'ai fait 20 kilomètres à plus de 30 km/h. Ça m'a regonflé. J'avais pensé acheter une carte postale à Ponticelli et l'envoyer à Christian, mais je n'ai même pas vu le carrefour pour se rendre au village. Et je suis arrivé à Fabro. De nouveau, je ne trouve plus aucune indication qui soit sur ma carte, sauf un "Allerona" !. J'y vais donc et j'arrive à de la route empierrée: demi-tour, arrêt à une station-service, bien sûr que c'est indiqué, sauf que je ne l'ai pas vu car il fallait être dans l'autre sens !

Restent 35 km, et pas plats. Il fait chaud. La montée après Fabro est encore une fois assez pénible. Ainsi, je suis enfin arrivé à Orvieto. Du moins à Orvieto Sala ( ce qui, je l'apprends, veut dire "station, gare" ). Surpris, je demande à la première station-service et le gars me montre, index en l'air, le haut de la falaise où se trouve Orvieto historique. Quatre kilomètres de montée, encore. ! Je suis enfin arrivé à la place du Duomo où se trouve le i  cette fois bien annoncé. La préposée, voyant mon état sûrement lamentable, me dirige vers le monastère "Villa Mercede", situé en face de l'ancien palais des papes et où le père Adolfo di Ninni me reçoit et, lorsque je lui dis que je serai reçu à l'audience générale du pape, a un petit sourire pincé d'un air de dire « gare à ce pape, il est allemand ». Néanmoins, il me donne sa carte et m'offre un café qu'il a la gentillesse de me porter alors que je décharge mon vélo. Je suis devenu VIP. La chambre est géniale, pour 35€, petit déjeuner inclus. Sur ce, douche, lessive et visite rapide (Duomo extraordinaire), puis resto « class », dans un palais à l’écart du monde et du bruit, mais où sont arrivés deux tables d’Américains pleins d’entrain et, en rez-de-chaussée, je ne sais quelle ribambelle de gamins qui hurlent à qui mieux mieux. Je m'en fiche, j'ai eu le silence sur mon vélo toute la journée.

Cette longue et belle étape a duré huit heures et demi et j'ai couvert 140 km, record du périple.

22ème étape: de Orvieto à Viterbo le 8 juin.

 

Petit-déjeuner de moine éthique en compagnie d'une japonaise qui parle japanglais et d'une allemande qui, après quelques échanges en japanglais, dévoile un français parfait, sans accent. Ces dames suivent un cours d'italien au monastère : une semaine pour 20 élèves.

Ensuite, tentative de départ : le Père me donne une casquette jaune d'or à la marque de l'établissement « pour l'entrevue », je la mets en remerciant, et je cherche la clé d'antivol : que dalle ! J'ouvre tout sur le sol de la cour sous l'œil médusé du Père ; re-que dalle ! Je remballe tout, je reviens à la chambre, je vérifie la chambre, je défais tout tout tout, je démonte le siphon du lavabo (au cas où la clé serait tombée lors de la lessive), que dalle de que dalle ! Il faut se résoudre à demander de quoi couper. Le Père me fournit ce qu'il faut, je coupe, je rends les outils l'air penaud, je reviens au vélo, je prends mes gants et la clé tombe de dans l'un des gants. Il ne me reste plus qu'à rire et à acheter un autre antivol (à code, bien moins bien) à la quincaillerie la plus proche sur mon passage. Il est déjà 10h ½ .

À la sortie d'Orvieto, la montée sur la route de Viterbo, avec vue sur l'oppidum, est sensationnelle. J'avais décidé de faire le tour du lac de Bolsena, mais vu l'heure, je n'ai parcouru qu'un côté, d'ailleurs tout à fait inintéressant. Par contre la descente du col de Biàgio à Bolsena est très belle. Ensuite je suis remonté sur Montefiascone. Tout cela fait beaucoup de dénivelé. Je suis redescendu sur Viterbo par la "Via Cassia" très passante mais surtout en très mauvais état par endroits.

À l'arrivée à Viterbo, je n'ai pas trouvé d'information touristique à ma portée. Il n’y a que des cartes sous verre de la ville, totalement inutiles dans mon cas. Je fais donc des tours et des retours dans la vieille ville sans, comme d'habitude, repérer le moindre hôtel. Je demande une première fois, on m’envoie vers un palace. Je reviens, je demande au patron d'un café dans une très petite rue qui m'indique un l'hôtel qui se cache à moins de 50 mètres avec grande chambre pour 45 € petit déjeuner compris. En Italie, les hôtels se comportent comme les outils en France, dès que l'on en a besoin, ils se cachent.

J'ai donc parcouru aujourd'hui 60 km en restant 4 h 30 sur ma selle ou dans son voisinage immédiat. Je suis fatigué à tel point que, pour la première fois, j'ai pris une gamelle en m'arrêtant dans Viterbo ; sans aucune gravité mais sous le regard attristé des consommateurs attablés à la terrasse du café adjacent.

Lessivette, douche, dodo trois quarts d'heure comme d'habitude quand je peux. Visite de la ville. Le premier tour est toujours compliqué dans ces vieilles villes italiennes. Ensuite on se repère et on s’y fait. Recherche des citrons quotidiens (e giovedi, i frutivendoli sono chiusi). J'ai quand même trouvé le supermarché ouvert. J'ai aussi acheté un plan dépliant de Rome qui conviendra pour consultation à la volée

Ensuite j'ai appelé les monastères de ma liste de Rome. Tous sont pleins et ceux qui parlent français sont peu optimistes sur mes chances de trouver quelque chose: en juin, Rome affiche complet !. Après "n". coups de téléphone j'ai quand même pu trouver une chambre pour demain soir, dont je n'arrive pas à identifier l'adresse sur le plan de Rome que j'ai acheté (via Giusti n'existe pas sur mon plan !). Mais ça ira, après on verra. J'irai à l'accueil des pèlerins. Sinon j'irai faire un tour hors de Rome ; je verrai après avoir acheté mon billet de train.

Rentrant à l'hôtel après le repas, je suis entrepris par le garçon à la réception qui a su qu'un cycliste rôdait par-là. Il me raconte qu'il est allé en Nouvelle-Zélande et en Tanzanie avec un vélo chargé à 70 kilos car il portait de l'eau pour plusieurs jours ainsi que sa tente et sa nourriture etc. Il est très sympathique. Il étudie l'histoire de l'art 2 jours par semaine à Campagnano di Roma. Il prépare un site sur www.girolamondo.it.


23ème étape: de Viterbo à Roma le 9 juin.

 

 

Petit déjeuner squelettique que je suis obligé de compléter par quelques gâteaux secs.

Je paye et en mettant les sacoches, je me rends compte que le boulon de fixation de la patte droite du porte-bagages est parti. Qu'à cela ne tienne, je me sers du fil de fer de l'anneau du porte-clés de la clé perdue pour pallier ce départ prématuré. Mais c'est du semi acier et j'ai du mal à le tordre. L'hôtel n'ayant pas de pince, je pars avec une réparation peu digne de confiance. Après 2 kilomètres, au sommet d'une cote, j'entends le bruit caractéristique (tac, tac, tac) de la roue libre desserrée. Il y a une station TOTAL. Je m'arrête. Le tenancier me prête un marteau. Je dépose tout et je répare comme d'habitude, avec mon couteau suisse, mais cette fois, appuyé par le marteau. J'en profite pour demander des pinces et je serre convenablement le fil de fer de la patte du porte-bagages.

Me voilà reparti, après lavage des mains au savon (quel luxe !) à la station-service. Évidemment la route n'est pas celle que je croyais. J'ai néanmoins une belle vue sur le lac de Vico. Je suis l'itinéraire prévu jusqu'à Campagnono. Mais l'heure avançant et voyant que la route dans le parc de Veio ne casse pas des briquettes, je décide à Sacrofano de rejoindre la SS3 pour une entrée dans Rome sans problème ... sauf qu'à 15 km du but, au bas d'une descente raide, claquement sec. Je continue inquiet. Ça touche derrière. En effet un 3ème rayon a cassé et la roue arrière est légèrement voilée. J'enlève le rayon cassé et je recentre tant bien que mal après avoir déchargé pour la troisième fois aujourd'hui et je rentre dans Rome comme cela sans autre difficulté.

Tout droit, tout droit, et voilà la place Saint-Pierre bien annoncée. J'ai fait 86 km et je suis resté sur mon vélo six heures. Le compteur totalisateur marque 3692. Soit

3692 - 1708 = 1984 km depuis Chartainvilliers.

Photo sur la place Saint-Pierre, MMS's., puis passage au centre d'accueil des pèlerins où je me fais proprement éconduire et dégager sur l'office de tourisme, "à droite", que je ne trouverai jamais. Qu'à cela ne tienne ! Je pars à la recherche de mon lit réservé pour cette nuit dans une rue qui ne se trouve pas sur mon plan. J'erre pas mal dans Rome. La bicyclette n'a pas encore fait son entrée dans cette ville, et avec le vélo chargé, ce n'est pas de la tarte de se tirer des files de voitures du vendredi après-midi. Ils klaxonnent à tout propos ces corniauds, il faudra s'y habituer. Mais ils ont un comportement très attentif envers les vélos. Aucune invective envers ce cycliste qui ne sait pas où il va ! Finalement j'arrive au monastère "Giusti".

Accueil sympathique. La sœur parle anglais. Je la baratine pour avoir d'autres nuits mais tout est vraiment complet. En désespoir de cause, je lui demande d'autres bonnes adresses. Elle m'en donne trois. Je téléphone à la première de la liste, qui se trouve à côté. Ça marche pour 48 EUR par nuit, petit déjeuner compris. Un peu plus tard, la sœur me dira m'avoir trouvé une chambre jusqu'à la fin de mon séjour sauf pour le lendemain. Nous ne faisons pas affaire car cela ne me convient pas et que je viens de m'engager auprès de l'autre établissement.

Ce délicat problème étant résolu, lessivette, douchette et dodo. Je me réveille à 19 h 30. J'étais crevé. La fin de ces périples est difficile. Probablement la chute de la motivation et l'usure. Repas au resto à côté. Même menu que partout mais table voisine de Français qui parlent du chemin de fer de Bize. Je fais connaissance. Il faut s'adresser à l'office de tourisme de Narbonne. Intéressant, à faire en juillet.