De Chartainvilliers à Rome – mai juin 2006.

PRÉAMBULE

On me demande parfois : " Pourquoi fais-tu cela ? ".

C'est une bonne question.

Je le fais surtout pour me faire plaisir, donc dans un but très égoïste.

Je le fais aussi parce que ces périodes d'effort physique prolongé dans des conditions de réalisation très frustes sont propices à un retour sur soi donc, je l'espère, à provoquer un progrès dans mes comportements.

Je le fais sur ces itinéraires parce que ce sont les grands itinéraires de la chrétienté. J'appartiens à une culture qui, depuis vingt siècles, a envoyé des gens sur ces routes. Je fais comme eux, c'est mon côté "panurgien".

Cette fois-ci, j'étais recommandé par les hautes autorités ecclésiastiques. Il ne m'est donc pas possible , quoiqu'en dise mon envahissante pudeur, de cacher l'aspect "dévotion". Oui, ce fut une façon d'exprimer ma foi chrétienne.

Et tout cela a fait un superbe voyage que je m'en vais conter depuis sa préparation dans les alentours de Chartainvilliers jusqu'à son apothéose lors de l'audience du Pape du 14 juin.

PREPARATION

Lors de ma randonnée de l'été dernier, je m'étais rendu compte que ma force musculaire ne suffisait pas pour hisser mon vélo chargé dès lors que les pentes excédaient 7 à 8%. C'est pourquoi, pendant l'hiver, j'avais fait placer un plateau de 30 dents à la place du 36 dents. C'est la boutique du "Vélo Hollandais" du boulevard Lefebvre qui a fait le travail, sans problème. Mais cela a duré assez longtemps. Je lui avais demandé de monter une roue libre de six vitesses 14 à 28 dents et, au dernier moment, j'ai cru que j'avais déjà 28 dents sur la roue libre d'origine. J'ai donc stupidement annulé. Stupidement, car la roue libre d'origine était limitée à 24 dents.

Après le marathon de Paris, version 2006, je me suis mis au vélo. Le 19 avril j'ai fait 55 km et 44 km le 22 pendant que Régine, exceptionnellement en visite à Chartainvilliers, était censée faire un galop jusqu'aux Terrasses, ce qu'elle n'a pas fait. J'ai investi Chartainvilliers la semaine du 24 avril avec Isatis, Régine étant d'exposition, pour deux sorties, le jeudi 27 pour 52 km et le vendredi 28 pour 50 km. J'ai alors téléphoné à "Cycles Conord" à Chartres pour demander s'ils pourraient m'installer une roue libre 6 vitesses de 14 à 28 dents. Ils pouvaient. J'ai donc amené le vélo le vendredi 28 à 14 heures qu'ils m'ont rendu équipé le samedi 29 avant-midi.

Je leur avais signalé le claquement à chaque demi-tour de pédalier qui m'inquiétait, mais que je n'arrivais pas à reproduire à vide. Ils ont pensé que cela venait des pédales et m'ont installé des pédales neuves. Malheureusement le claquement persiste. Mais les pédales sont mieux que les pédales d'origine car plus larges, le pied a une meilleure assise.

Je suis sorti le dimanche 30 avril. Périple vers Senonches de 70 km. Il faisait froid et un fort vent du nord est soufflait. Ce fut peu agréable, pour ne pas dire déplaisant. En plus, j'ai cassé le cale-pied gauche.

Régine était à son "Grand Marché de l'Art Contemporain" où je suis allé la récupérer avec son attirail le lundi 1er mai et je suis revenu camper à Chartainvilliers avec Isatis le mardi 2. Le temps s'est alors mis au beau et le 3 et le 4 il a fait de magnifiques journées que j'ai mises à profit pour aller du côté de Bonneval, limité le 3 à 95 kilomètres car il me fallait être de retour à 15 heures pour recevoir le réparateur de la chaudière, mais circuit complet de 120 km le 4.

J'ai alors ramené le vélo à Chartres en demandant que l'on me change l'axe du pédalier. Ce qui ait été fait pour le 5 à midi, mais qui n'a pas éliminé le claquement. Tant pis, cette fois je vais vivre avec en espérant que rien de casse d'ici à Rome. Samedi 6, par un temps très menaçant, je suis allé du côté de Senonches pour un parcours de 70 km. Je suis rentré vers 12 h 30, assez tôt pour éviter les fortes pluies de l'après-midi (il est tombé plus de 10 mm d'eau).

Le vélo est maintenant prêt. J'ai rehaussé le guidon pour avoir moins mal au cou. J'ai acheté une bonne selle garantie en gel (c'est quoi ? ). J'ai des cale-pieds bien larges et faciles à mettre et à quitter. Curieusement, après quelques km, le pédalier a maintenant cessé de claquer. J'ai une sacoche de guidon qui ne gène pas et je peux utiliser le compteur kilométrique sans contorsions. Des attache-lettres permettront d'éviter que les cartes ne s'échappent du porte carte transparent, qui est un peu trop exigu; tant pis. J'ai une transmission d'enfer : à l'avant trois plateaux de 52, 42 et 30 dents et à l'arrière une roue libre de 6 pignons de 14, 16, 18, 21, 24 et 28 dents. Cela me fait une plage de développements de 3.7 à 1.07. Je dois pouvoir affronter la montagne.

Après un passage par Paris pour fêter le 8 mai l'anniversaire de Magali par anticipation, retour à Chartainvilliers le 9 et randonnée un peu chargé le 10, de 88 km jusqu'à Senonches, avec sandwich au bord de l'étang dans le seul rayon de soleil de la journée. J'ai croisé de nombreux nuages de mouches noires qui s'élèvent dès que la température atteint 18 à 20 degrés, mais qui disparaissent quand il fait un peu plus chaud (et aussi plus froid). Ces insectes sont spécialement nombreux à l'orée des bois. Jeudi 11, je suis sorti pour une ultime séance préparatoire avec sacoches mais peu chargées. J'ai parcouru 88 km (de nouveau) en allant entre Pongoin et la Loupe. Il faisait très beau et j'ai pris un casse-croûte très agréable au lieu-dit "écluses de Boizard".

Vendredi 12, journée consacrée à la maison et au jardin de Chartainvilliers. Ce fut une journée chaude. Samedi 13 à Paris pour les ultimes préparatifs et démarches. PGP. est revenu de Saint-Jacques. Il a perdu 9 kilos et est enthousiaste. Il n'écoute pas ce que je lui dis tellement il est pris par son exposé.

Dimanche, veillée d'armes à Chartainvilliers. Je me suis occupé d'enlever des myriades de pommes au "golden" et il en reste des myriades, sans parler des deux pommiers en espalier que je n'ai pas touchés. L'après-midi, bagages. C'est incroyable comme je suis stressé et inquiet. Cela passera sur la route.

Avant de dormir, prière fervente pour que ce pélé distribue ses bienfaits sur tous ceux que j'aime.